Marie Morin Canada : exportations gourmandes
PME établie sur la rive-sud de Montréal, Marie Morin Canada s’est lancée il y a 20 ans dans le marché niché des desserts hauts de gamme. Aujourd’hui, l’entreprise emploie une centaine de personnes et exporte plus de 200 conteneurs par an vers une douzaine de pays, incluant la Chine, Taïwan, le Qatar et l’Australie. Ses atouts : une allégeance aux produits locaux de qualité, un flair pour conquérir de nouveaux marchés et une situation géographique avantageuse au cœur de l’écosystème logistique du Grand Montréal.
Une histoire de famille
PDG et fondateur de Marie Morin Canada, David Morin a le pied dans l’industrie du dessert depuis son plus jeune âge : c’est son père qui a mis au point la recette de mousse au chocolat qui allait assurer la naissance et le succès de la marque Marie Morin en France en 1994.
Dix ans plus tard, David décide de lancer une branche nord-américaine de l’entreprise. Ce qui l’a poussé à faire ce choix ? « Au cours d’un voyage, je me suis rendu compte qu’il y avait un marché inexistant qui était à saisir : celui du dessert haut de gamme ». Après avoir analysé le marché et les opportunités, son choix se pose sur le Québec, « pour la langue française » nous dit-il.
Au cours d’un voyage, je me suis rendu compte qu’il y avait un marché inexistant qui était à saisir : celui du dessert haut de gamme.
À vouloir saisir un marché inexistant, l’entreprise a connu des débuts difficiles. « Les habitudes alimentaires étaient complètement différentes du marché européen. La catégorie du dessert frais prêt à manger n’existait pas. Nos débuts ont été très poussifs… » La grande étape démarre au sein de la bannière Costco, à laquelle l’équipe réussit à faire tester ses produits. « Je me souviens que l’acheteuse m’avait dit : je te prends une palette. Mais si je n’arrive pas à la vendre, je te la renvoie ! Résultat : la palette s’est vendue en 2 jours. Et la commande suivante, on m’a demandé 10 palettes »
Avec l’objectif de développer ses marchés à l’exportation, l’entreprise acquiert l’équipement nécessaire pour faire des produits congelés en plus des produits frais, afin de pouvoir atteindre des destinations partout sur le globe. Le succès ne tarde pas à s’étendre au niveau régional, puis international. Le Texas, la Californie, le Midwest, la Floride s’ajoutent au carnet de commande, suivis de l’Australie, la Chine, le Mexique et Taïwan, souvent à travers les bannières connues comme Costco. « Chaque nouveau marché qu’on cible demande des recherches. On évalue les opportunités, on s’adapte aux différentes normes sanitaires, on retravaille les emballages ». Et en général, les réactions positives ne se font pas attendre. « À Taïwan par exemple, on avait prévu 6 conteneurs à l’année. On est rendus à 6 conteneurs aux trois mois ! »
Entre classiques et nouveautés
Les meilleurs vendeurs ? Les classiques de la maison, soit la crème brûlée et le flan au caramel. À cela s’ajoutent les produits développés en fonction des différents marchés locaux ainsi que des saisons. Pour l’Amérique du Nord, Marie Morin a par exemple lancé sa version du cheesecake. Et pour la saison des sucres, un pouding chômeur, ou encore un produit aux pommes pour l’automne. « Les recettes ne sont pas toujours les mêmes. On s’adapte aux goûts, mais aussi à la disponibilité des ingrédients en fonction des saisons »
Une constante demeure : la qualité des produits. « C’est l’idée à la base de Marie Morin : sélectionner des ingrédients avec soin. 80% de nos ingrédients sont des produits locaux et frais », nous dit-il. Deux ingrédients seulement sont importés : le caramel liquide, ainsi que les sachets de caramel pour crème brûlée.
C’est l’idée à la base de Marie Morin : sélectionner des ingrédients avec soin. 80% de nos ingrédients sont des produits locaux et frais.
Fraîcheur oblige, l’entreprise compte sur une logistique serrée. « Ça demande beaucoup de réactivité et de proactivité pour éviter de perdre du temps côté transit. On reçoit les produits de façon hebdomadaire ou bihebdomadaire et on entrepose à proximité tous nos emballages. » Ainsi, dès la réception du bon de commande, l’équipe rassemble le matériel nécessaire et démarre la production. Les différentes étapes se succèdent, soit la préparation, le remplissage, la cuisson et l’emballage. Une fois les palettes complétées, elles sont mises en conteneurs réfrigérés, puis expédiées. Et en fonction de la distance à parcourir, la température du conteneur varie entre la réfrigération ou la congélation.
Un atout clé dans toute cette logistique serrée ? La localisation de l’usine en périphérie de Montréal, offrant le triple avantage d’un accès à un bassin de population dense, à un vaste réseau de producteurs agricoles, ainsi qu’à l’écosystème logistique du Grand Montréal, des installations portuaires et des réseaux autoroutiers et ferroviaires qui desservent la province, le pays et les États-Unis.
Munie de cette recette gagnante, l’entreprise d’une centaine d’employés a su traverser les crises qui ont secoué les chaînes d’approvisionnement ces deux dernières années. « Nous sommes une PME, qui se bat contre des géants ». Face à tous les défis qui pèsent les entreprises, incluant la hausse des coûts et la pénurie de main d’œuvre, « il faut que nos produits restent abordables même si les coûts explosent. Mais nous avons une flexibilité que les plus grosses compagnies n’ont pas. Nous cherchons et nous trouvons des alternatives ».
Nous sommes une PME, qui se bat contre des géants. Mais nous avons une flexibilité que les plus grosses compagnies n’ont pas. Nous cherchons et nous trouvons des alternatives.
Quant aux projets d’avenir, David Morin n’en manque pas, incluant des idées de développer de nouveaux produits comme une gamme bio ou un dessert aux saveurs estivales aromatisé de citron yuzu. « Il y a une demande galopante pour l’innovation. Et de notre côté, nous sommes créatifs et nous avons plein d’idées ! »
Pour voyager, les desserts Marie Morin passent par des conteneurs réfrigérés. Chaque conteneur est équipé d’un système de régulation de la température, pouvant maintenir à des températures allant de -30oC à +30oC et doit être alimenté en électricité en permanence. Marie Morin Canada exporte plus de 200 conteneurs par an vers une douzaine de pays, incluant la Chine, Taïwan, le Qatar et l’Australie. 80% des ingrédients sont des produits locaux et frais. Deux ingrédients seulement sont importés : le caramel liquide, ainsi que les sachets de caramel pour crème brûlée.
