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Le public y découvre environ 900 lanternes illuminées et se voit proposer un parcours aux allures féériques à travers le Jardin de Chine. Mais derrière la magie, l’événement représente plus d’un an de travail par l’équipe de projet, ainsi qu’un long voyage par conteneurs qui amène les lanternes soigneusement confectionnées à la main en Chine jusqu’au Jardin botanique. « Ça fait partie de la magie, on cache tout le travail derrière ! », nous dit My Quynh Duong, conceptrice artistique du projet.

My Quyhn Dong
My Quynh Duong, conceptrice artistique du Jardin de lumières. Photo : Jardin botanique de Montréal

 

Conçues pour voyager

Le processus se déroule chaque année selon un échéancier bien précis. La toute première étape est celle de la conception : en collaboration avec un agent culturel, l’équipe se rassemble pour partager des idées et statuer sur le thème de la prochaine édition. « Il faut trouver un thème ludique, qui rallie le grand public et les familles, mais aussi qui se transpose bien sous forme de lanternes et qui soit assez intéressant pour que les animateurs sur le site puissent le présenter sous un angle culturel. C’est tout un défi ! », explique My Quynh, architecte de formation, qui travaille au Jardin botanique depuis 1995.

Mais dès cette première étape, les aspects logistiques liés au transport des lanternes entrent en jeu. « Les lanternes ne se plient pas… Et il faut savoir que certaines structures font plus de vingt pieds de long. » En prévision de leur voyage par navire, « je conçois des pièces décomposables qui pourront être assemblées sur place. » Dans la dernière édition de l’événement, par exemple, « le phénix est composé d’une quinzaine de morceaux indépendants : chaque plume et chaque partie de ses ailes sont des pièces différentes ».

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Les lanternes à leur arrivée dans des caisses de bois. Photo : Jean-Pierre Bellemarre

 

Une expertise millénaire

Une fois les plans et devis finalisés, ils sont envoyés, accompagnés d’instructions précises traduites en chinois, à la petite compagnie basée à 2 heures de Shanghai qui accompagne l’équipe depuis les débuts du projet. « Nous travaillons toujours avec la même entreprise depuis 30 ans. Ils ont une véritable expertise héritée d’une tradition locale plus que millénaire. Ce sont des soudeurs, des sculpteurs et des artistes qui sont capables de réaliser une structure en trois dimensions à partir de nos dessins ».

2022 12 01 balise lanternes montage2Après deux mois de travail, le premier conteneur est prêt à prendre la route, avec bien sûr mille et une précautions d’usage. « Chaque pièce est soigneusement emballée de tissu, notamment les pièces délicates comme les oiseaux. On cherche aussi à maximiser l’espace : les plus petites structures sont placées dans les plus grandes, quand c’est possible… » Au total, les 300 à 400 nouvelles lanternes commandées occuperont l’espace de 5 conteneurs EVP (équivalent 20 pieds).

Au terme d’environ un mois de voyage, le premier conteneur arrive à Montréal début juin. Quant à la route maritime empruntée, elle varie selon les années… « Les conteneurs peuvent arriver directement au Port de Montréal et être livrés par camion à notre entrepôt situé ici même au Jardin botanique. » Il arrive aussi que le conteneur passe par Vancouver et traverse tout le Canada en train pour finalement arriver au Port de Montréal. « Ça fait 30 ans qu’on fait affaire avec vous ! », nous dit My Quynh.

« Ce n’est qu’une fois la structure montée qu’on prend la mesure de son ampleur »

 

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Casse-tête chinois

Une fois le conteneur arrivé à l’entrepôt, la priorité est à l’inspection. « Dès qu’on ouvre le conteneur, on examine tout en détail. Il peut toujours y avoir de la casse pendant le voyage. » C’est alors qu’une autre équipe entre en jeu : composée de 14 personnes, incluant des contremaîtres, des électriciens, des menuisiers et des soudeurs, celle-ci va s’attacher à assembler et installer l’ensemble de l’œuvre à temps pour la grande ouverture au mois d’août.

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« Avec nos menuisiers, on commence par séparer tous les morceaux, on les identifie et on les envoie aux soudeurs pour un travail d’assemblage. C’est comme un casse-tête ! » Dans certains cas, les structures devront être refaites, ajustées ou solidifiées. L’éclairage à la DEL est également installé à l’intérieur de chaque lanterne. Les lanternes sont aussi imperméabilisées, ce qui permet de pouvoir récupérer certaines pièces et les réutiliser d’une année sur l’autre.

Puis morceau par morceau, tout est déplacé et monté sur le site de l’exposition… en laissant place aux imprévus. En effet, « ce n’est qu’une fois la structure montée qu’on prend la mesure de son ampleur. On peut changer d’avis sur l’endroit où l’installer pour avoir un effet visuel plus impressionnant. Par exemple, le grand phénix devait à l’origine s’envoler vers la montagne. Mais en voyant le site, j’ai changé la position de l’oiseau pour le diriger plutôt vers le visiteur. On dessine six à huit mois d’avance, mais on ne peut pas toujours imaginer. »

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Papier et métal

Ce travail nécessite à la fois beaucoup de force physique et de minutie, puisque l’exposition allie des structures en métal qui peuvent être très lourdes et qui doivent être installées dans l’eau, et des pièces tout en détail et en finesse qu’il faut manipuler délicatement. Une fois le site installé, on a l’impression que tout est léger, aérien et flotte sur l’eau, mais en réalité, « c’est à la fois léger et très lourd », nous dit-elle. « L’eau camoufle la structure si bien que le public ne voit que les formes de papier. »

À l’heure actuelle, alors que la dernière édition de l’événement s’est achevée fin octobre, les équipes ont déjà commencé à préparer la prochaine édition. « Tout est déjà dessiné et envoyé pour soumission », nous dit My Quynh. Quant à avoir un avant-goût de ce qui s’en vient pour 2023, elle n’a pas voulu nous le dire… Rendez-vous l’an prochain pour le découvrir !