L’industrie portuaire pose les bases des infrastructures de l’avenir
Le trafic maritime ne cesse d’augmenter sur toutes les mers du monde. Ces derniers temps, il a connu une croissance sans précédent et, malgré la pandémie qui frappe la planète depuis mars 2020, les échanges internationaux devraient croître de 7,7 % au cours de la prochaine année, selon une étude de l’assureur-crédit Euler Hermes.
Dans l’océan Indien, l’augmentation a dépassé les 300 % en 20 ans. Dans l’Atlantique Nord, le Pacifique Nord et la Méditerranée, on estime qu’elle oscille entre 100 et 200 %.
Les défis de la croissance
L’accroissement du trafic et les connexions intermodales insuffisantes entraînent de la congestion sur les routes d’accès et des augmentations de coûts dus aux retards. Les conteneurs s’empilent dans les terminaux en raison des goulots d’étranglement de transport, des navires manquent leurs créneaux d’amarrage, les frais de carburants sont plus élevés et les infrastructures deviennent désuètes. Les administrations portuaires n’ont pas le choix de s’adapter.
De plus, les ports doivent aménager leurs infrastructures pour accueillir et ravitailler les navires de nouvelle génération qui utilisent des carburants sobres en carbone, des carburants renouvelables et des technologies propres comme l’hydrogène vert, l’éthanol vert et le méthanol vert, mais aussi des biocarburants tels que le biodiésel et le gaz naturel renouvelable.
Des investissements sans précédent
Pour ne pas perdre leur place stratégique, les ports doivent investir dans les infrastructures de manière responsable et durable afin de répondre à une tendance à long terme et des changements qui bouleversent toute l’industrie.
Le plan d’infrastructure du président Joe Biden prévoit par exemple d’investir 17 milliards de dollars dans les voies navigables intérieures, les transbordeurs et les ports côtiers. Les quelque 300 ports côtiers et intérieurs, maillons essentiels de l’économie américaine, prévoient quant à eux d’investir pas moins de 163 milliards de dollars entre 2021 et 2025 pour augmenter leur capacité et améliorer leur efficacité afin de pouvoir accueillir des navires dont la taille maximale a doublé au cours des 15 dernières années.
Les infrastructures riveraines comme le dragage, les infrastructures terrestres, les ports plus petits et les ports intérieurs nécessitent eux aussi de nouveaux investissements. Les liens terrestres et ferroviaires avec les ports sont souvent encombrés et on estime que 90 % d’entre eux sont en mauvais état.
Au cours de la dernière décennie, de nombreuses entreprises privées ont investi dans des projets d’infrastructure comme des terminaux à conteneurs, de vrac solide ou de vrac liquide, dans des projets greenfield et des projets majeurs de nouveaux sites portuaires. De plus, l’OCDE estime que les ports du monde entier devront trouver quelque 830 milliards de dollars américains d’ici 2030 pour l’expansion de leurs infrastructures (ce qui inclut des investissements dans les aéroports, les ports, les routes, les chemins de fer, l’énergie et l’eau).
Les compagnies maritimes chinoises ont saisi l’opportunité pour étendre leur présence sur la planète. En Europe, par exemple, COSCO Shipping a pris une participation dans le Port de Hambourg après avoir fait l’acquisition du port grec du Pirée, l’un des plus importants centres de navigation au monde, au carrefour de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique.
Pour leur part, les compagnies européennes ne sont pas en reste. Pour ne citer qu’un exemple, la Française CMA-CGM a acheté récemment un terminal du port de Los Angeles pour 2,3 milliards de dollars US et a porté sa participation dans le terminal TTIA d’Algésiras en Espagne à 50 % des parts moins une action, renforçant ainsi sa position d’opérateur de terminal en Méditerranée. De leur côté, les autres transporteurs mondiaux comme Hapag-Lloyd, Maersk et MSC investissent également de manière importante dans les terminaux à travers le monde.
Le Port de Montréal dans la course
Pilier d’un réseau de voies navigables commerciales qui relie l’océan Atlantique aux Grands Lacs, le fleuve Saint-Laurent n’a jamais été aussi fréquenté, et le marché des conteneurs est en croissance ininterrompue depuis plus de 50 ans au Port de Montréal.
Dans la perspective de faire face aux défis de l’avenir, gérer la croissance du trafic maritime et être prêt à accueillir plus de bateaux, plus de conteneurs et plus de marchandises, le Port de Montréal s’adapte, investit et innove.
Expansion à Contrecœur : ouverture vers l’avenir
Projet phare, le projet greenfield de terminal à Contrecœur, à 40 kilomètres en aval de Montréal, aura des retombées économiques majeures.
D’une capacité de 1,15 million de conteneurs, le nouveau terminal permettra de soutenir la croissance du marché des conteneurs non seulement au Québec, mais dans tout l’est du Canada. Il aura des retombées jusque dans le marché du Midwest américain, auquel le Port de Montréal est intimement lié.
La mise en activité du nouveau terminal à Contrecœur et le début des opérations portuaires sont prévus fin 2026.
Augmenter la capacité ferroviaire, accroître la fluidité
Si le projet du Port à Contrecœur représente le futur, les infrastructures actuelles sur l’île de Montréal sont le présent. Le Port de Montréal investit pour qu’elles restent compétitives. Parmi les principaux projets en cours, citons :
- L’ajout de 6 kilomètres de voies ferrées à son propre réseau ferroviaire qui en compte déjà 100, ce qui permettra d’accroître la capacité de transport ferroviaire de 20 %.
- La construction d’un viaduc qui permettra aux camions sortant du Port de rejoindre directement le réseau autoroutier avec, à la clé, un gain de temps de 13 minutes et la suppression de 2400 tonnes de GES.
- L’élaboration d’un système de transport intelligent pour le camionnage portuaire en collaboration avec la Ville de Montréal.
Préparer les infrastructures aux énergies de demain
Conscient du vent de changement qui pousse l’industrie maritime à adopter des énergies propres, le Port de Montréal a déjà posé plusieurs gestes concrets comme l’installation d’un système d’alimentation électrique à quai pour les navires de croisières et les navires hivernants ainsi que la mise en place d’un système d’avitaillement au GNL.
Mais le Port veut aller plus loin. Ces derniers mois, il a posé plusieurs gestes pour affirmer sa volonté d’être un chef de file dans la transition vers une industrie plus propre. Parmi ceux-ci, soulignons :
- Son adhésion à l’Appel à l’action pour la décarbonation du transport maritime, une initiative lancée par la coalition Getting to Zéro, en partenariat avec Global Maritime Forum, World Economic Forum et Friends of Ocean Action. En s’inscrivant dans ce mouvement, le Port s’engage à prendre des mesures concrètes pour atteindre l’objectif de carboneutralité des activités portuaires d’ici 2050.
- La signature d’une entente de collaboration et de développement avec Greenfield Global, une entreprise canadienne spécialisée dans la production de biocarburants.
- La participation au projet PIONEERS (PORTable Innovation Open Network for Efficiency and Emissions Reduction Solutions), un projet d’innovation verte mené par le Port d’Anvers et qui regroupe 46 partenaires.
- Et plus récemment, en marge de la COP26, la signature d’une entente avec le Port d’Anvers pour la création d’un corridor maritime vert.
Avec tous ces nouveaux développements, le Port de Montréal renforce sa position stratégique de porte d’entrée vers le cœur industriel de l’Amérique du Nord, tout en répondant aux exigences et défis de l’industrie maritime de demain.
Pour en savoir plus sur les projets du Port de Montréal : https://www.port-montreal.com/fr/le-port-de-montreal/projets