fbpx

Sélectionnez votre langue

 

Faire garder le cap sur le développement durable à une industrie valant annuellement 14 trillions de dollars US ? C’est le défi que se donnent de nombreuses organisations telles que l’Organisation maritime internationale (OMI) à l’international et l’Alliance verte en Amérique du Nord.

 

Même s’il s’agit du moyen de transport commercial produisant le moins d’émissions de CO2 par tonne de marchandise, les acteurs du transport maritime ont encore énormément de travail à faire pour atteindre la carboneutralité. Pas question de se reposer sur ses lauriers. Ni ici au Port de Montréal ni à travers la planète, du reste.

Notre industrie représente à elle seule 2,6 % des émissions globales de CO2. Et selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), ce chiffre pourrait tripler d’ici 2050.

De nombreux organismes internationaux réfléchissent donc à la question et s’affairent à établir des objectifs d’amélioration de la performance environnementale, à court, moyen et long termes.

Déjà en 1973, l’OMI adoptait la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL). S’en sont suivies plusieurs initiatives, dont le plan OMI 2020, visant à abaisser à 0,50 % m/m les émissions d’oxydes de soufre (SOx) des navires, et l’OMI 2050, qui impose à l’industrie une réduction de 50 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, par rapport à 2008.

Et l’OMI n’est pas seule à s’activer. Ses efforts s’intègrent directement dans le cadre de l’objectif #13 de l’Agenda 2030 de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCE), à savoir l’urgence de prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique.

De fait, c’est tout un écosystème international d’organismes et d’entreprises qui s’empressent de débroussailler le chemin en vue d’accélérer le développement durable de l’industrie maritime dont l’International Chamber of Shipping, le Centre pour le transport maritime responsable (Clean Seas) et l’International Windship Association.

 

Une Alliance bien de chez nous

Plus près de nous, on peut penser à l’Alliance verte, un programme volontaire de certification environnementale qui couvre l’industrie maritime nord-américaine. Créé au Québec en 2007, cet organisme — dont nous sommes un des membres fondateurs — aide ses 150 membres certifiés répartis au Canada et aux États-Unis à réduire leur empreinte environnementale par l’adoption de mesures concrètes et mesurables, basées sur 14 indicateurs de rendement.

Ces indicateurs visent des enjeux environnementaux importants, tels que les émissions atmosphériques de polluants (SOx, NOx et autres particules), les émissions de gaz à effet de serre, la prévention des fuites et déversements et de rejets huileux, mais aussi des enjeux reliés à la protection de la biodiversité et aux relations avec les communautés.

Une autorégulation préventive de l’industrie ? « Pas vraiment, explique David Bolduc, directeur général de l’Alliance verte. L’objectif n’était pas autant d’empêcher d’éventuelles nouvelles régulations, mais plutôt de doter l’industrie maritime locale d’une structure volontaire plus rapide, sans attendre la création d’un cadre législatif plus lourd, plus lent. »

 

« Se comparer, c’est se rassurer » — Charles-Maurice Talleyrand-Périgord

Participer au programme environnemental de l’Alliance verte, c’est s’assurer que son entreprise, tout comme l’industrie, s’en va dans la bonne direction. Idéalement la même !

C’est là l’élément le plus important, selon Claude Deschambault, directeur de l’environnement au Port. « Grâce à l’Alliance, quand on discute avec nos partenaires ou nos locataires par exemple, on parle le même langage, on partage les mêmes critères ». Comme l’Alliance verte connaît une expansion assez extraordinaire à travers l’Amérique du Nord (10 % de croissance annuelle depuis 2007), c’est tout un écosystème qui se trouve à standardiser ses activités de développement durable. On peut donc comparer des pommes avec des pommes.

Et pour la troisième fois en trois ans, le Port de Montréal a remporté une note parfaite de 5, soit une mention d’excellence et de leadership dans les catégories suivantes : gaz à effet de serre et polluants atmosphériques, prévention des fuites, harmonisation des usages, leadership environnemental et gestion des matières résidentielles. La moyenne des ports et terminaux est de 2,9, une performance stable par rapport aux années précédentes et la meilleure moyenne parmi tous les membres certifiés. L’autre bonne nouvelle?  Tous les armateurs, les ports et les terminaux ont amélioré leur résultat dans chacun des 14 indicateurs de performance.

 

Parce que l’environnement, c’est important. Et c’est rentable !

Le développement durable est une priorité pour le Port depuis un bon moment déjà. En 1993, nous étions l’un des premiers ports à inclure des clauses environnementales dans nos baux.

En 2001, nous nous dotions d’une politique environnementale axée sur la protection des milieux naturels, la lutte contre les changements climatiques et la prévention des nuisances (le bruit industriel, par exemple).

En 2003, nous avons été parmi les premiers en Amérique du Nord à se doter d’un système de gestion environnemental calqué sur ISO 14001. Et en 2005, lorsque nous nous sommes joints aux premières réunions précédant la création de l’Alliance verte, c’était dans le but d’être un chef de file en matière de développement durable.

Car si la valeur sociale et environnementale du développement durable est évidente, on oublie souvent qu’il apporte son lot d’avantages économiques, directs et indirects.

Par exemple, le PORTail du camionnage permet non seulement de diminuer l’empreinte environnementale des camions, mais entraine pour les entreprises de camionnage des gains de temps et d’efficacité, et donc une meilleure rentabilité.

Incidemment, comme le fait remarquer Claude Deschambault, « une meilleure qualité de l’air implique moins d’hospitalisations, et donc une économie sur les coûts de la santé ».

Cependant, il ne s’agit pas de sombrer dans la précipitation. Déjà certaines mesures ont été prises par l’industrie pour diminuer son impact environnemental. Mais, comme le soulignait Bryan Comer de l’International Council on Clean Transportation lors du récent Greentech 2021 de l’Alliance verte, tout n’est pas aussi vert que cela en a l’air. Par exemple, explique-t-il, si les épurateurs SOx qu’installent les armateurs sur les navires permettent effectivement de réduire les émissions atmosphériques, cela prend des milliards de tonnes d’eaux de lavage pour les nettoyer. Autre exemple : on parle beaucoup de propulsion au GNL (gaz naturel liquéfié) qui permet de réduire de 30 % le taux de GES global. Mais certains moteurs au GNL produisent des fuites de méthane, un gaz ayant un PRG [20] [potentiel de réchauffement du globe sur 20 ans] 86 fois supérieur au CO2 ! Ce problème a d’ailleurs amené le transporteur Maersk à éliminer le GNL de ses solutions énergétiques envisagées pour l’atteinte de son objectif de carboneutralité d’ici 2050. L’entreprise regarde maintenant du côté de l’huile d’éthanol lignine [LEO], de l’hydrogène vert et de l’ammoniaque verte.

 

De l’importance d’organismes tels que l’Alliance

Les précédents exemples illustrent bien l’importance d’organismes tels que l’Alliance verte. En établissant des critères objectifs et mesurables, en ajustant constamment le tir selon les plus récentes découvertes et les nouveaux objectifs mondiaux, et en favorisant l’échange entre ses membres avec des activités telles que le Greentech, l’Alliance verte permet à ses membres de bénéficier d’une feuille de route éprouvée en matière de développement durable.

Et les réflexions continuent. « Il y a déjà beaucoup de travail à faire pour tenir à jour nos indicateurs actuels, notamment l’augmentation des cibles pour être en phase avec l’OMI, souligne David Bolduc. Du côté portuaire, on se penche sur les écosystèmes côtiers, la protection des milieux humides. On parle de plus en plus de la protection des mammifères marins. »

Même chose du côté du Port. « Le projet de terminal à conteneur à Contrecœur constitue un parfait projet de port 2.0, illustre Claude Deschambault. Plutôt que de devoir composer avec un puzzle déjà mis en place, comme c’est le cas pour le Port de Montréal ou tout autre port urbain, on part avec une page blanche ».

 

Réfléchir — et agir — ensemble

« Toutes ces réflexions sur la transition énergétique sont d’une importance cruciale pour nous, confirme Claude Deschambault. Elles nous permettent de conserver notre niveau d’excellence en matière de développement durable, mais aussi d’entrevoir de nouveaux modèles d’affaires, par exemple la vente d’ammoniaque ou d’hydrogène verts, grâce aux capacités d’entreposage dans l’est de la ville. »

Le Port a d’ailleurs signé une entente de collaboration et de développement avec Greenfield Global, une entreprise canadienne spécialisée dans la production de biocarburants, pour explorer les nouveaux débouchés qu’offrent les énergies propres. Il s’est aussi intégré au projet PIONEERS (PORTable Innovation Open Network for Efficiency and Emissions Reduction Solutions), un projet d’innovation verte mené par le Port d’Anvers et qui regroupe 46 partenaires.

Oui, 2050 arrive rapidement. Mais en aidant les acteurs de l’industrie maritime à garder le cap, les alliances vertes de ce monde nous permettent de travailler plus efficacement, ensemble, à l’élaboration d’un monde meilleur.