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Ana Amaya et Miriam Morin
Ana Amaya et Miriam Morin

Innovation sociale

Les chiffres publiés par l’organisme sont impressionnants. Plus de 140 000 repas cuisinés et servis à des personnes dans le besoin, plus de 250 000 $ de nourriture sauvée par année, récoltée en dons et cuisinée. Dans le quartier, « les besoins sont énormes », nous dit Miriam Morin, directrice générale du Chic Resto Pop. « Et la COVID nous a fait reculer deux pas en arrière ».

À sa barre, l’équipe ne manque ni de dynamisme ni de créativité. D’ailleurs, l’innovation sociale est ancrée dans l’ADN de l’organisme… En effet, celui-ci est né en 1984 lorsqu’« un groupe de jeunes, sur l’assistance sociale, qui cherchaient à améliorer leur sort, ont remarqué qu’il y avait beaucoup d’invendus en épicerie, encore comestibles. Ils ont commencé à les cuisiner et à les vendre à des sommes modiques. Et en même temps, ils se sont créé un emploi », raconte Miriam, qui a dirigé pendant plusieurs années les services alimentaires dans le réseau de la santé avant de prendre la direction du Chic Resto Pop.

Depuis, l’organisme a évolué, diversifié son offre, renouvelé ses propositions et réinventé ses façons de faire pour répondre aux besoins de la population. Aujourd’hui, il a plusieurs chapeaux : une entreprise d’économie sociale, d’action communautaire et d’insertion socioprofessionnelle, offrant notamment des programmes de formation, un espace d’activités communautaires, un restaurant à prix modique, un service de dîner dans les écoles pour enfants issus de familles avec revenus modestes, ainsi que des locations de salles.

 

Sécurité alimentairecarnet2021 automne voisins marche

De son côté, Ana Amaya a travaillé 30 ans dans la coopération internationale avant de se joindre à l’équipe du Chic Resto Pop, « un organisme qui m’attirait, par sa mission et par sa présence dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve », nous dit-elle. Sa mission au sein de l’organisme : la coordination des actions de sécurité alimentaire.

Parmi les services les plus appréciés figurent le restaurant communautaire, où des repas sont cuisinés sur place et vendus à prix modique. « Nous ne sommes pas une soupe populaire », précise-t-elle. « Mais nos repas coûtent moins cher qu’à l’épicerie tout en offrant des aliments de qualité. Et c’est parfois le seul vrai repas que nos clients ont dans une journée. » Pour rester accessible aux petits budgets, l’organisme compte en partie sur des dons de Moisson Montréal. En revanche, certains produits — notamment les produits laitiers ou des produits frais que Moisson Montréal reçoit en plus petite quantité — doivent être achetés. Et « malheureusement, les coûts de la nourriture explosent, mais nous pouvons difficilement augmenter nos prix ».

On y trouve aussi un jardin potager, où les citoyens peuvent jardiner et récolter leurs fruits et légumes, un marché, ainsi que des distributions de paniers de produits frais en partenariat avec les fermes Lufa pour des familles en grands besoins. Le Chic Resto Pop offre également des repas congelés faits maison à prix abordables : les Chics Plats. Ceux-ci sont vendus en ligne et au comptoir, et permettent à des gens de tous les milieux de planifier des repas à petit prix et nourrissants. Et parmi les projets pilotes en cours, l’équipe propose de vendre ses Chics Plats dans des machines distributrices. La clientèle ciblée : les travailleurs de nuit ou qui travaillent dans des déserts alimentaires.

 

carnet2021 automne voisins insertionOuvrir l’œil

Un des défis constants est celui d’inciter les personnes dans le besoin à venir chercher de l’aide. « La pression sociale est importante », nous dit Miriam. « Certaines personnes ont faim, mais n’osent pas le dire, ne sortent pas de leur maison et ne viennent pas vers les organismes. On fait des efforts pour aller les chercher. » Les clients sont parfois recommandés par le CLSC ou d’autres organismes du quartier. Et afin d’identifier les familles qui souffrent d’insécurité alimentaire, les écoles du quartier jouent également un rôle pour déceler la précarité ou des situations d’enfants nécessitant de l’aide. 

Quel est le profil de l’insécurité alimentaire ? « La solitude et la vieillesse », nous dit Ana. « 35 % de nos clients touchent une pension de vieillesse. Il y a aussi de nombreuses familles monoparentales ». 

 

Un milieu de viecarnet2021 automne voisins potager 2

Même s’il adresse un besoin criant au cœur du quartier, le Chic Resto Pop vise, au-delà de sa mission alimentaire, à offrir un milieu de vie. « On a une fonction sociale », ajoute Miriam. « La pauvreté amène l’isolement. Elle a un impact sur la santé physique et psychologique. »

De ce côté, la pandémie a contribué à augmenter la précarité et renforcé la solitude et l’isolement. « Certains avaient peur de sortir et tendance à s’enfermer… », poursuit-elle. La solution proposée par l’équipe ? Allier nourriture et festivités pour faire sortir les gens tout en comblant un besoin essentiel de sécurité alimentaire. « Il faut trouver des idées novatrices pour chercher les gens et répondre aux besoins. », avance-t-elle. Cet été, elle a par exemple proposé un événement extérieur avec musique, animation et distribution de portions alimentaires — particulièrement apprécié par ceux qui ont eu peu de contacts depuis des mois. « Au-delà de la nourriture, nos espaces permettent aux gens d’échanger, de participer à des activités, de discuter autour d’un repas. ». De même, le service de livraison à domicile des plats congelés offre l’occasion d’un contact et d’un soutien psychologique entre le livreur et le client.

Malgré la passion et le dévouement qui animent Miriam et Ana, celles-ci ne cachent pas que le défi de la viabilité au quotidien demeure un casse-tête. L’activité de financement principale, la soirée gala annuelle, ayant été annulée l’an dernier en raison de la pandémie, ce sont des dizaines de milliers de dollars qui manquent à l’appel pour répondre à la chaîne de besoins. Leur objectif à long terme : se donner les moyens de poursuivre leur mission !

Le Port de Montréal est fier de soutenir le Chic Resto Pop à travers sa politique d’investissement communautaire depuis 2010.