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On le sait, les volumes de conteneurs qui transitent par les quais du Port de Montréal sont en augmentation constante. Mais ceux des conteneurs réfrigérés, eux, ne font pas qu’augmenter : ils explosent. On parle d’une augmentation de 200 % en l’espace de 5 ans, et de 115 % pour la seule année 2018.

 

La route du froid

Aux premières loges de cette évolution, l’entreprise familiale Hunt, dont le siège social est situé sur la rue Notre-Dame, assure des services d’entreposage, de réparation, d’entretien et de location de conteneurs réfrigérés. « Au début, on parlait d’une cinquantaine de conteneurs réfrigérés par semaine », rappelle Yanik Espey, vice-président de la compagnie cofondée par son père en 1985. « Aujourd’hui, nous sommes toujours à pleine capacité avec quelque 800 conteneurs réfrigérés à terre chaque jour. » Et l’entreprise a ouvert des bureaux à Toronto, Calgary et Colombie-Britannique.

Des fruits exotiques, du vin, du fromage, des sapins de Noël, de la viande, des produits de beauté et des médicaments font partie de la longue liste des produits qui ont recours à ce type d’équipement pour traverser les océans. Et les conteneurs suivent la marche des saisons… On importe des fruits et légumes pendant les saisons froides, puis à la fin de l’été, ce sont les produits d’ici qui prennent le chemin de l’export.

Qu’est-ce qui explique un tel engouement ? « Les habitudes de consommation évoluent », explique Yanik. « On consomme et on importe de plus en plus. » Au premier rang des produits concernés par cette demande croissante figurent le vin et le fromage importés d’Europe, avec laquelle les liens commerciaux se sont récemment renforcés grâce à l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange. Et côté export, semblerait-il que nos produits locaux, comme les pommes, les fraises, mais aussi nos cosmétiques, trouvent de plus en plus la voie des marchés étrangers.

Saviez-vous que les vaccins, les homards vivants ou encore les pièces destinées à la construction aérospatiale voyagent également à température constante ? Parmi les produits inusités qui voyagent dans des conteneurs réfrigérés, « nous avons même déjà exporté de la glace du Saint-Laurent via conteneurs réfrigérés vers le Sud. Elle a une transparence parfaite pour faire des sculptures de glace… C’est donc un produit recherché par certains acteurs du tourisme. »

 

Comment ça marche ?

Même si on parle de conteneurs « réfrigérés », à noter qu’il s’agit aussi bien de chauffage que de réfrigération, puisque ces conteneurs permettent avant tout de maintenir le contenu à une température constante. Une cargaison de vin souffrira autant de la chaleur intense que du froid et doit donc être protégée des écarts de température. Chaque produit a ses recommandations… comme les produits pharmaceutiques qui doivent demeurer à 22 degrés, la crème glacée à -23 degrés et les bananes, entre 13 et 14 degrés.

Chaque conteneur est équipé d’un système de régulation de la température, pouvant maintenir à des températures allant de -30 oC à +30 oC et doit être alimenté en électricité en permanence. Il se branche aussi bien aux wagons du train qu’aux navires, aux camions ou au terminal, où il est alimenté grâce à des génératrices au diesel ou un système de branchement. Hunt Réfrigération est d’ailleurs en pleines rénovations pour délaisser complètement le diesel au profit de systèmes électriques moins polluants et moins bruyants. « Nous avons l’objectif d’être 100 % électriques d’ici la fin de l’année », avance Yanik Espey.

 

Des marchandises pas comme les autres

Une fois sur place, le seul mot d’ordre est la rapidité. « Un conteneur qui contient des fruits frais ou de la viande congelée ne peut pas rester entreposé longtemps au port… Les conteneurs réfrigérés sont des premium cargo. Dès qu’ils arrivent, il faut qu’il reparte le plus vite possible ». Du poisson fumé par exemple, a une durée de vie (shelf life) de deux semaines. « Il n’y a aucun intérêt à ce qu’il perde du temps entreposé sur le terminal. »

Et tout au long de leur parcours, les conteneurs sont vérifiés à de multiples reprises pour s’assurer qu’il n’y a aucun élément défectueux. Le moindre écart peut coûter la marchandise… « Entre chaque voyage, on vérifie le conteneur, la génératrice, le système de régulation… »

Un conteneur défectueux ne supporte aucun délai de traitement. Pour accélérer les temps de réparation, l’entreprise mise sur son équipe de mécaniciens spécialisés, ainsi que son vaste inventaire de pièces de réparation. « C’est la clé de la rapidité : toutes les pièces de rechange sont en stock. C’est une question de mécanique. On sait que ça va briser un jour ou l’autre… La question est de savoir combien de temps ça va prendre pour réparer. C’est pour ça qu’on est là ! »

Des projets d’avenir ? Encore plus rapides, encore plus efficaces… Entre l’amélioration des installations et l’optimisation de la chaîne logistique, toutes les options sont bonnes pour accompagner cette nouvelle tendance du marché, qui ne montre aucun signe d’essoufflement.