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Cet hiver, une immense halte-répit a été aménagée par l’Accueil Bonneau au Grand Quai pour aider les personnes en situation d’itinérance à travers la crise de la COVID-19, en partenariat avec la Ville de Montréal et le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal. Un succès collectif en fin de compte, mais pas de tout repos pour ceux qui ont contribué à réaliser ce projet !

 

 

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Se réinventer

Quand Jérémie Girard, directeur des opérations de l’Accueil Bonneau, a commencé son emploi, il avait déjà en poche une connaissance des défis de l’accès au logement social, acquise dans le cadre de son précédent emploi de gestionnaire immobilier à la Fédération des OSBL d’habitation de Montréal. « Je voulais un défi, j’en ai eu un ! », s’exclame-t-il. Et pour cause, en plus d’être confronté au quotidien avec les multiples enjeux liés à l’itinérance et l’insécurité alimentaire, le personnel de l’Accueil Bonneau a plongé, pendant la crise de la COVID-19, dans une tempête d’une tout autre ampleur.

Pourtant, on ne peut pas dire que l’Accueil Bonneau manque d’expérience. Avec près de 145 ans d’existence, l’organisme n’a cessé de développer ses services et d’ajouter des volets à son offre. En plus de l’aide alimentaire avec quelque 600 repas par jour distribués, on y offre un service d’hébergement longue durée, un vestiaire, des locaux artistiques, des cliniques, des formations à l’emploi, un service de gestion financière, de même que des projets de réinsertion sociale. Connaissez-vous le Miel de Bonneau — projet de réinsertion sociale basée sur l’apiculture urbaine ?

Au printemps 2020, la COVID-19 n’a pas manqué de faire voler en éclat l’ensemble des services offerts. Dans les locaux centenaires de la rue de la Commune, « les deux mètres de distance ont rendu nos espaces inutilisables », nous explique Jérémie Girard. Du jour au lendemain, tous les services ont fermé, incluant les suivis en santé mentale, les douches, l’intervention psycho sociale, les locaux d’arts et de musique.

Catastrophe humaine

Cette nouvelle réalité frappe durement la population déjà démunie qui fréquente quotidiennement l’Accueil Bonneau. « Ce sont des gens déjà marginalisés à la base. Leur couper le peu de contacts qu’il leur reste a été quelque chose de terrible pour eux ».

L’équipe rebondit rapidement et commence à offrir des repas à l’extérieur sous forme de boîte à lunch. « Ils adoraient manger dehors ! » nous dit Jérémie Girard. « Mais dès le mois de juin, je voyais l’hiver arriver. Et j’ai commencé à passer des appels à la Ville. »

Le plus important était de trouver un espace pour continuer à offrir un service alimentaire pour la période hivernale malgré les contraintes liées aux exigences de distanciation. « J’ai approché plusieurs espaces assez grands, comme des hangars, et multiplié les démarches. »

La création d’un lieu de vie

Pour que le projet de halte-répit au Grand Quai du Port de Montréal voie le jour, il a fallu « un alignement des planètes », poursuit-il. L’équipe joint ses efforts à la Santé publique, qui cherchait, en parallèle, à ouvrir un centre de jour.  

Laissé vacant par l’annulation de la saison des croisières et l’absence d’événements, le terminal de croisières du Grand Quai s’est révélé le lieu parfait. En plus de son immensité — on parle d’un espace capable de voir débarquer des navires de croisières de 2500 passagers — « c’est un espace sain et sécuritaire, lumineux, bien ventilé », disposant de suffisamment de points d’accès pour assurer une circulation fluide du personnel, des visiteurs, des livraisons. « On n’aurait pas pu espérer mieux ».

S’ensuit un branle-bas de combat de deux semaines pour assurer toute la planification et l’ouverture de la halte-répit. En misant sur son expertise, l’équipe de l’Accueil Bonneau se démène pour offrir un véritable espace de vie. « On a travaillé fort pour y aménager un lieu de vie, un coin santé pour des consultations, des animations d’ateliers d’art, un accès à des ordinateurs et des téléphones. »

Plein régime

Au final, le résultat est à la hauteur des efforts fournis par l’équipe. « On a rempli notre objectif de pouvoir offrir des repas chauds et un espace sécuritaire pour 350 personnes par jour, dont 220 places assises. On a réussi à créer un endroit très décent et humain. » Le lieu a roulé à plein régime tout l’hiver, avec 65 000 visites et 165 000 repas distribués entre novembre et la fin du mois de mai. Un grand succès, à tel point qu’une clinique de vaccination y a même été installée.

Avenir incertain

Même si, avec le retour des beaux jours et l’allègement des mesures sanitaires, il a été possible de rouvrir les locaux de l’Accueil Bonneau et de reprendre la distribution des repas en extérieur, impossible de prévoir ce que réserve l’avenir. Mais une chose est sûre, c’est que les défis que l’équipe devra gérer ne se sont pas amoindris. 

« La période de fermeture a aggravé de nombreux problèmes de dépression, de toxicomanie et d’exclusion. Et ça a mis une pression énorme sur les intervenants de l’Accueil Bonneau : ceux qui sont en lien direct avec la clientèle souffrent de détresse », nous dit Jérémie. À cela s’ajoute l’impact de la crise du logement actuelle et une possible augmentation de l’itinérance… « On surveille la situation de près ! » 

Quelques chiffres

La halte-répit au Grand Quai a été ouverte du 16 novembre au 31 mai.

37 000 pieds carrés

65 000 visites

165 000 repas

350 places

Vous voulez vous impliquer auprès de l’Accueil Bonneau ? https://www.accueilbonneau.com/