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Lait de soya, tempeh, miso, edamame, tamari, pouding au soya, tofu sous toutes ses formes… autant de produits qui ont conquis nos tablettes d’épiceries depuis quelques années et qui témoignent de l’évolution des habitudes alimentaires. Moins de viande, moins de produits laitiers… Au Port de Montréal, ces changements d’habitude ne passent pas inaperçus !
 
 

Multiplication des produits

Dans une ville autrefois réputée pour être une capitale mondiale du blé, avec ses immenses silos qui font partie du paysage urbain depuis plus d’un siècle, c’est désormais le soya qui occupe le haut du pavé dans le secteur du grain conteneurisé. En effet, chaque année, ce sont 800 000 tonnes de soya qui sont manutentionnées annuellement, que ce soit en vrac ou en conteneurs.

Installée sur Notre-Dame au sud de la rue Joliette, l’entreprise CanEst spécialisée dans la conteneurisation du grain, a vécu de plein fouet cette évolution des usages. « Quand j’ai commencé dans le grain il y a 25 ans, le Québec produisait entre 150 000 et 200 000 tonnes de soya par année », avance Carl Boivin, directeur général de l’entreprise. « Aujourd’hui, on compte plus d’un million de tonnes de soya produit annuellement ».

Occupant les lieux de l’ancien silo no3, érigé en 1923, l’entreprise a vu l’équilibre basculer en 2017, tandis que le soya a détrôné le blé dans les volumes de grain conteneurisé. Aujourd’hui, 60 % du volume de CanEst est la fève de soya. C’est de là que partent environ 6000 conteneurs de soya, à destination principalement d’Asie, traditionnellement la Chine, et plus récemment vers le Vietnam, l’Indonésie et la Malaisie.

 

Un produit particulièrement prisé

En tout, il existe entre 6000 et 7000 producteurs de soya au Québec, principalement dans les régions centrales de la Montérégie et du Centre-du-Québec. Nombre d’entre eux, auxquels s’ajoutent aussi des producteurs d’Ontario et même du Manitoba, font converger leur production vers le Port de Montréal pour un accès aux marchés internationaux, que ce soit par train ou par camion selon la distance à parcourir. 

Qu’est-ce qui fait le succès du soya québécois à l’exportation ? « Notre soya a une belle apparence : plus blanc, plus clair, moins tacheté que le soya venant du sud des États-Unis, par exemple », poursuit Carl Boivin. Le type de sol y est pour quelque chose, ainsi que le climat. « Les hivers canadiens ont un bon côté : au printemps, il ne reste plus beaucoup de maladies dans les champs ! »

 

Attentions particulières

Mais attention, car le soya demande une série de précautions. En effet, il s’agit d’un produit allergène ; les équipements qui sont en contact avec le soya font donc l’objet d’un processus de nettoyage particulier. « On veut éviter que le blé qui transite par nos installations parte avec des traces de soya. » Car à côté des quatre différentes variétés de soya qui sont conteneurisées à CanEst, on trouve du maïs, des lentilles, des pois, des graines de moutarde et, bien sûr, de nombreuses variétés de blé. Il faut donc purger et nettoyer le système de manutention pour s’assurer qu’il n’y a aucune contamination, avant d’inspecter les équipements et les convoyeurs. « Comme on a trois puits de réception, on s’organise pour réserver chaque puits à un type de produit déterminé pour éviter de perdre trop de temps dans des processus de nettoyage. » Heureusement, l’entreprise compte 90 silos, de quoi offrir à chaque variété de grain son lieu d’entreposage bien à lui.

 Il faut également veiller à ce que les soyas transgéniques et non transgéniques n’entrent pas en contact. « Logistiquement, il faut préparer l’usine à la réception de transgénique ou non transgénique. » À son arrivée, le soya est testé pour déterminer de quel type il s’agit. Il passe donc par le laboratoire interne, se fait broyer et plonger dans une solution. On vérifie aussi son humidité : un soya trop humide sera enclin aux moisissures. Dans ce cas, le camion sera donc aussitôt rejeté et retourné au producteur, qui devra se charger de le faire sécher.

Il se dirige ensuite au nettoyage : les graines passent au travers de grandes passoires connectées sur un système d’aspiration afin de trier un maximum de poussière, d’écales, de cailloux ou des résidus de terre.

Et au moment de repartir, il est conteneurisé : pour cela, il est chargé à l’intérieur d’un conteneur posé à la verticale, question de maximiser la quantité de produits. Pour éviter que le chargement se déverse au moment d’ouvrir les portes du conteneur, on insère un mur de carton au sommet afin de sceller la marchandise. Une fois le conteneur rempli, il est déposé sur un châssis et part pour un terminal du port.

On le retrouvera quelques mois plus tard sur nos tablettes d’épicerie sous forme d’huile végétale, de tofu, de dessert au soya... et bien plus encore !

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