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De la planche à dessin à la mise à l’eau, en passant par les différentes étapes de production et de validation règlementaire, les métiers de l’architecture navale allient la passion de la mer à celle de l’invention et des sciences.

 
 

Un métier à découvrir

« Il s’agit d’un métier qui demeure méconnu », estime Paule Simoneau, coordonnatrice du programme de technologie en architecture navale de l’Institut maritime du Québec. « Beaucoup de nos étudiants découvrent la formation par hasard, soit en visitant des kiosques ou en faisant une recherche sur le web. Certains veulent au début devenir pilote ou marin et finissent pas choisir cette voie. »

Et pourtant, le diplôme de technologue en architecture navale s’adresse à différents types de profils, aussi bien à ceux qui sont attirés par le volet mécanique et veulent travailler sur des chantiers maritimes, qu’à ceux qui préfèrent le travail de dessin et de conception, ou dans des instances gouvernementales pour le volet vérification et réglementation des navires. Ceux qui le souhaitent peuvent également poursuivre au niveau universitaire afin de devenir architecte naval, mais à noter que les universités qui offrent le programme au niveau universitaire se trouvent à Terre-Neuve ou à l’étranger.

C’est le cas, par exemple, de Réjean Desgagnés, diplômé de l’Université du Michigan, qui a fait de l’architecture navale sa vie. Dans le milieu depuis plus de 40 ans, il figure parmi les sommités au Québec en ce domaine, ayant été tour à tour à l’emploi du gouvernement, inspecteur de navire, fondateur du bureau Concept naval et depuis 7 ans, architecte naval pour Groupe Océan. Venant d’une famille de marins, il va sans dire que la mer a toujours été sa passion première. « J’ai d’abord voulu devenir capitaine, mais finalement j’ai opté pour un métier qui me permettait de rester à terre, tout en travaillant dans le domaine. »

 

Des bureaux de conception…

Selon lui, l’étape la plus importante de la conception de projet se situe au point de départ, au moment de saisir les exigences particulières du client. « Quand un client arrive avec une idée de navire, il ne suffit pas de savoir quelle est sa taille approximative et ce qu’il va transporter. » Tout un tas de questions entrent en jeu avant de pouvoir passer à l’étape suivante. « On doit savoir où il va naviguer, à quelle profondeur d’eau, dans quelles conditions et avec quels matériaux, que ce soit de l’acier ou de l’aluminium. » Car une fois la machine en route, on ne peut pas décider de rajouter un moteur ou de changer la structure. « Les formes ont été faites pour supporter un certain poids. On peut changer des petits détails, mais on ne peut pas revenir en arrière. »

La deuxième grande étape se passe sur la planche à dessin, c’est-à-dire dans un logiciel spécialisé comme ShipConstructor ou Rhinoceros. Et évidemment ici, pas le droit à l’erreur, car le moindre écart de calcul compromet la navigation. « Notre mission principale, c’est que le navire ne chavire pas ! » Pour ça, un des prérequis fondamentaux du métier, c’est un bon esprit d’analyse et le sens des chiffres, estime Gérard Franklin Zatia, diplômé de l’IMQ en 2017 et à l’emploi de la firme Concept naval. « Il faut aimer les sciences et les concepts de physique, car les notions de stabilité, d’hydrodynamique et de gravité sont essentielles à notre travail. »

Et bien sûr, il faut toujours rester à la page. Car si les principes de stabilité sont intemporels, les technologies, elles, évoluent très vite… Les moteurs se doivent d’être de moins en moins polluants, les nouvelles formes d’énergie, comme le GNL, font partie des solutions d’avenir et les systèmes de navigation électronique sont de plus en plus performants. « Il faut connaître tout ce qui se fait de nouveau et demeurer alerte. On participe à des conférences, on surveille ce qui ici se fait ici ainsi qu’à l’extérieur du Canada... », poursuit-il.

 

Aux chantiers

Une fois les plans approuvés par le ministère des Transports, le projet prend le chemin du chantier maritime, où il sera pris en charge par toute une équipe, incluant des mécaniciens, des électriciens, des soudeurs ou encore des ingénieurs. Employé au chantier Davie depuis l’obtention de son diplôme en 2016, Bira Dos Reis planifie les différentes séquences de fabrication réparties entre les différents intervenants au cours de la production, s’assure du respect des échéanciers et suit l’évolution du projet. Ce qu’il aime avant tout dans ce métier ? « C’est un travail qui n’est jamais routinier. On est sur le terrain tous les jours, il y a toujours des défis et des événements qui nous font sortir de notre zone de confort. » Et ce qui l’a poussé vers ce métier, c’est avant tout « la passion de la mer », répond-il. « Je viens de Gaspé et j’ai toujours vécu au bord de l’eau. J’ai fait beaucoup de voile et j’ai même été instructeur. La mer, ça fait partie de moi depuis mon enfance. »

Jean-Martin Harvey, quant à lui, travaille du côté de la réparation de navires. Il est à l’emploi de Verreault navigation depuis 2013, un chantier naval à Les Méchins fondé il y a plus d’un demi-siècle, spécialisé en réparation et transformation navale. L’avantage de ce type d’emploi, selon lui, c’est qu’il fait le pont entre le travail de bureau, avec tout un volet d’estimation des coûts, de planification, ainsi que du suivi de chantier, de vérification et de contrôle qualité. Le principal défi ? « Ce n’est pas toujours facile d’obtenir les informations qu’il nous faut ! Parfois, nous recevons des bateaux qui ont été fabriqués en Allemagne ou en Chine. Les standards ne sont pas toujours les mêmes et parfois, les plans que nous recevons sont écrits en chinois ou ne sont pas utilisables. » Dans ce cas, un seul remède : la débrouillardise !

 

Formation initiale : DEC, Technologie de l’architecture navale, IMQ

Salaire moyen à l’entrée sur le marché du travail : 45 000 $

Taux de placement : 100 %

 

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