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Depuis 25 ans, Sentier urbain réussit à sensibiliser à l’environnement, lutter contre le décrochage scolaire et donner accès à une saine alimentation au cœur du désert alimentaire qu’est le quartier Centre-Sud. Un projet inspirant et porteur que le Port est fier de soutenir.

Au cœur du quartier Centre-Sud, il est un petit potager niché dans la cour de l’école primaire Garneau. Gérés par l’organisme Sentier urbain, ce sont 2000 pieds carrés de verdure au cœur d’une oasis de béton, où poussent bien plus que des plantes…

Un levier pédagogique

Derrière le projet d’agriculture urbaine, 300 enfants par an viennent découvrir, goûter et apprendre autrement que par les livres.

En rang, le groupe de maternelle de Madame Diane arrive à l’activité en scandant en chœur « Potager ! Potager ! Potager ! Potager ! » Comme tous les groupes de l’école, ils ont le privilège de participer à un atelier de Fanie Lauzon, l’horticultrice-animatrice du potager. Pendant une heure ou une demi-heure, selon le niveau du groupe et le type d’activité, ces ateliers offrent l’occasion d’acquérir quelques notions de botanique et de s’essayer à des activités de manipulation, de plantation, de récolte ou de cuisine.

« Je commence toujours par un peu de théorie », explique Fanie, qui cumule un bagage en horticulture et des études en enseignement. Elle aborde le rôle des racines, la germination, les insectes… Pendant ce temps, rassemblés autour d’une table, des regards attentifs et plein de petites questions — « À quoi servent les filets ? Pourquoi les écureuils mangent les tomates ? Comment ça s’appelle ça ? »

Chaque atelier sert de levier pédagogique. « J’essaie de construire des ateliers en lien avec le programme scolaire et de créer des échanges entre les cours et le terrain ». Des nouveaux mots de vocabulaire, des notions de sciences naturelles, des idées de bricolage à réaliser, des problèmes de géométrie adaptés à la plantation de graines… Les enseignants repartent avec tout plein d’idées et de pistes pour proposer de nouveaux contenus éducatifs.

Depuis 25 ans, Sentier urbain cherche à « s’inspirer de projets innovants pour réinventer l’école », dit François Forcier, directeur adjoint de l’organisme qui compte une quarantaine de projets dans Montréal, dont les Jardins Gamelin et Notre Quartier Nourricier Centre-Sud. « Le potager de l’école Garneau est un de nos plus beaux potagers. C’est un gros avantage de pouvoir planter en pleine terre. »

Vers de meilleures habitudes alimentaires

Deuxième étape : la plantation. Chaque enfant passe une dizaine de minutes à mettre soigneusement son pied de laitue en terre. 

Ils sont toujours aussi sages ? « Oui ! », s’exclame Fanie. Même que les plus turbulents en classe sont souvent les plus attentifs… « C’est comme une échappatoire. Ils sont contents d’être dehors. Ils peuvent bouger, explorer, découvrir. Ce n’est pas une activité à laquelle ils sont réticents. »

Ensuite, c’est l’heure de la cueillette. Direction : les radis ! « On les attrape par ici et on tire doucement… » Et tout le monde peut repartir avec son petit butin. « On fait en sorte qu’ils en ramènent le plus possible, même si ce sont de petites récoltes, comme un bouquet de fines herbes. Dès qu’ils peuvent le manger, ils sont contents. » L’occasion aussi de créer un lien avec la maison et, pourquoi pas, de faire profiter à toute la famille de produits frais et locaux.

Une mission d’autant plus pertinente que le quartier est considéré comme un désert alimentaire : 73 % des commerces d’alimentation sont des dépanneurs, 50 % des élèves au secondaire bénéficient de la mesure alimentaire (collation et repas fournis par l’école), 41,9 % des familles n’ont aucun des deux parents travaillant à temps plein. « Il y a quelques années, j’ai demandé à mes élèves de lever la main s’ils savaient ce qu’était un radis. Deux élèves sur toute la classe seulement l’ont fait », raconte Madame Diane.

Ici, ils découvrent des légumes avec toute sorte de couleurs et de formes. À côté du céleri, des carottes et des laitues, on trouve une demi-douzaine de variétés de tomates, des cerises de terre, des framboises bleues, de l’agastache et des ficoïdes glaciales. Et même des épinards de Malabar, « au goût d’épinard, mais à la texture visqueuse » selon les mots de François. Succès assuré auprès des enfants !

En partenariat avec l’organisme La Relance, qui dispose d’installations de cuisine, ils peuvent aussi passer à la transformation des aliments : sachets de tisane, rouleaux de printemps, pots d’herbes salées, chips de kale…

Un projet de quartier

Au fil des ans, ce potager est devenu un véritable projet de quartier. Car durant tout l’été, pendant que l’école est fermée, ce sont des camps de jour, des CPE, et même des projets intergénérationnels impliquant des centres pour personnes aînées qui prennent le relais et viennent profiter des ateliers de Fanie. Résultat : la plupart des citoyens du voisinage s’y sont déjà impliqués.

Avant de partir, on goûte un petit échantillon de tomates du jardin. Et, surprise… « elles ne goûtent pas pareil que d’habitude ! » François s’amuse de voir les enfants cacher quelques tomates cerises dans leurs poches, pendant que d’autres en demandent une deuxième portion.

Et pendant que les enfants repartent le sourire aux lèvres, Fanie commence déjà à préparer le prochain atelier. « J’ai de la chance de travailler sur un aussi beau projet. On voit l’impact de ce qu’on fait ! »