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Un arsenal de compétences

« Quand je dis que je suis plongeur, on pense généralement que je fais la vaisselle dans un restaurant… », nous confie Alex, plongeur employé par l’entreprise CRT Construction, qui effectue des travaux de consolidation des quais au Port de Montréal. En réalité, il s’agit d’un emploi atypique qui demande, en plus d’une polyvalence à toute épreuve, une excellente forme physique, ainsi qu’une bonne dose de dextérité, d’autonomie et de concentration afin de pouvoir réagir adéquatement en toutes circonstances.

Leur mission, c’est de réaliser le travail de précision qu’il est impossible de faire avec la machinerie lourde à partir de la surface. Le maître mot : la polyvalence. « Il n’y a pas grand-chose qu’on ne touche pas », poursuit Louis-Philippe, également employé par CRT. En effet, il doit être capable de réaliser, en immersion, des travaux de soudage, de menuiserie, d'oxycoupage, de charpenterie, de bétonnage, d'électricité, de plomberie ou de dynamitage… bref, un arsenal de compétences qui sort de la routine.

Il doit être capable de réaliser, en immersion, des travaux de soudage, de menuiserie, d'oxycoupage, de charpenterie, de bétonnage, d'électricité, de plomberie ou de dynamitage

Consolider pour l’avenir

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Fin octobre, l’équipe achevait un projet de consolidation des quais 50 à 52 du Port de Montréal. « Certains quais au Port de Montréal sont centenaires. Ils accueillent annuellement 2000 navires, en plus d’être soumis à l’usure causée par le courant », dit Jonathon, surintendant du chantier.

De quoi s’agit-il exactement ? Ce projet vise à consolider la structure du quai au fond marin pour s'assurer qu'elle sera en mesure de supporter adéquatement un approfondissement futur. Une opération qui se déroule en plusieurs étapes : préparer la surface existante et installer l’armature, construire un coffrage qui servira à maintenir le béton en place en attendant qu’il se solidifie ; couler le béton sous l’eau grâce au tuyau d’un camion-pompe situé sur les quais ; et enfin démonter la structure de soutien une fois le béton solidifié… Puis recommencer à la section suivante. D’un bout à l’autre, l’équipe à l’œuvre sur le projet depuis octobre 2021 a construit les murets de béton s’étendant sur 9 caissons, soit quelque 300 mètres de quais, situés environ de la rue Bennett à la rue Viau. 

 

Un travail d’équipe

Sur la barge qui leur sert à la fois de centre de contrôle, de bureau, d’espace de stockage des équipements et de point de départ des opérations, les plongeurs s’affairent chacun à son poste pour coordonner l’opération en cours.

Pendant que Nathaniel est sous l’eau chargé d’une opération de décoffrage, ses collègues à la surface sont tous munis de casques d’écoute et peuvent suivre en tout temps ce qui se passe sous l’eau. Deux écrans permettent aussi de voir tous ses gestes, et ce, même si la visibilité n’est pas optimale. « C’est vraiment un travail d’équipe », nous explique John. « On peut avoir un ou deux plongeurs sous l’eau, dépendamment de la tâche. Il y a toujours un plongeur sur la barge prêt à intervenir en cas d’urgence, un responsable de la communication, et les autres fournissent ou remontent du matériel à l’aide d’un treuil ».

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L'équipe de CRT Construction. De gauche à droite : Alexandre Petit, Émile Audet, Louis-Philippe Lizée, Jérémie Dupont, Maxime Beaudet et Jonathon Pope.

Sur les écrans, on voit les gestes précis et rapides de Nathaniel qui démonte méthodiquement les coffrages. Morceau par morceau, il défait la structure en métal qui avait été mise en place pour couler le béton et former le muret en bas du quai. « Il n’y a personne qui perd son temps sous l’eau », nous précise Louis-Philippe. Périodiquement, Nathaniel demande à ses collègues qu’on lui descende un outil précis, ou alors qu’on remonte des pièces détachées de la structure.

 

Bien équipés

Côté équipement, le casque à lui seul pèse quelque 15 kg… « Il y a tout là-dedans », nous dit John. « Il y a de la lumière, une caméra, de l’air, de l’eau chaude… Et c’est assez solide pour pouvoir se cogner contre à peu près n’importe quoi sans se blesser. »2022 12 01 gros plan plongeurs casque

La combinaison, quant à elle, est alimentée à l’eau chaude, pour pouvoir maintenir la température du corps sous l’eau. Un détail important quand on sait que les plongeurs passent plusieurs heures sous l’eau, entamant leur saison au printemps et l’achevant en novembre dans une eau qui peut atteindre 6 degrés Celsius. Quant à l’hiver, c’est « trop dangereux à cet endroit. Les blocs de glace bougent rapidement en raison du courant qui est fort à cet endroit. On n’intervient qu’en cas d’urgence ».

Côté sécurité, rien n’est laissé au hasard. « On inspecte les équipements tous les jours. À chaque sortie, tout est fait avec deux ou trois systèmes de redondance. » Il y a par exemple trois sources différentes d’alimentation en oxygène et deux sources d’alimentation en énergie. Le plongeur est ainsi alimenté à partir de la barge, tout en ayant sur lui un système de secours en cas de défaillance. « On fait régulièrement des simulations et aujourd’hui, tout est hypersécurisé ».

Combien temps doit-il plonger, et à quelle profondeur? « Tout est déterminé avec précision dans notre bible », nous dit Jonathon, c’est-à-dire les tables DCIEM canadien (Defense and Civil Institute of Environmental Medicin), des tables de plongée et de décompression développées par les forces canadiennes, des scaphandriers volontaires et quelques médecins hyperbares bien connus. « On a un code à suivre, qui indique le temps maximum passé sous l’eau en fonction de la profondeur. »

 

Formation

Le programme d’attestation d’études collégiales (AEC) Plongée professionnelle est d’une durée d’un an et est offert à l’Institut maritime du Québec. Il inclut des connaissances dans plusieurs métiers de la construction (soudage, menuiserie et bétonnage), ainsi que les techniques de plongée et une formation de sauvetage. Quant aux débouchés, les diplômés peuvent être affectés dans les secteurs de la construction et du génie civil, mais également à exécuter des travaux tels que l’inspection des structures, le renflouage d’épaves. Un métier qui sort des sentiers battus !