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Directeur exécutif de l’Amundsen Science, Alexandre Forest gère le plus gros navire de recherche au Canada.

Sa passion première, c’est l’océanographie dans les mers arctiques. Et sa deuxième maison, c’est le brise-glace de recherche NGCC Amundsen, qui parcourt l’Arctique canadien depuis maintenant 15 ans. Pour Alexandre Forest, chercheur en océanographie et spécialiste des écosystèmes marins arctiques, cet univers complexe, en mutation perpétuelle, est l’objet de toute une vie passée à essayer de mieux comprendre et connaître les mécanismes d’évolution, d’alimentation et de survie.

Seul en son genre, ce brise-glace rescapé de la ferraille au début des années 2000 a été converti en véritable machine scientifique grâce à des fonds investis par l’Université Laval et la Garde côtière canadienne. Désormais équipé de 65 systèmes scientifiques et de 22 laboratoires fixes et portatifs, il offre une plateforme de recherche à la fine pointe de la technologie conçue pour parcourir et documenter les régions méconnues du Nord.

Un pavillon universitaire flottant

Après avoir passé l’hiver à exercer ses fonctions traditionnelles de brise-glace, le navire met le cap chaque été vers l’Arctique pour se prêter à sa mission scientifique. Depuis 2003, il sillonne jusqu’à 152 jours par an les mers glacées avec, à son bord, 40 chercheurs et 40 marins qui en assurent l’opération en continu. « Il fonctionne 24 h sur 24. On va d’une station océanographique à une autre », dit Alexandre Forest. Tout est conçu pour utiliser au mieux le temps précieux et rentabiliser au maximum une opération qui coûte cher : l’équipement scientifique complet, mais aussi ce qu’il faut pour une gestion logistique optimale. « Même si on vit en promiscuité, tout est fait pour qu’on puisse se consacrer à 100 % à nos recherches. C’est comme si on avait un pavillon universitaire flottant. »

Depuis sa conversion, le navire a permis une véritable révolution dans le milieu de la recherche consacrée aux mers du Nord. « On essaie d’apprendre comment les systèmes sont au départ pour mieux comprendre comment ils évoluent en fonction des changements climatiques et des perturbations dues à l’activité humaine. Et on a fait un très grand bout de chemin en 15 ans. » Verdict ? « C’est à peu près l’ensemble de l’écosystème qui est en changement présentement. Il s’agit bien d’une réalité non discutable et robuste ».

Une nouvelle génération d’experts

Les recherches à bord sont loin de se cantonner aux seules sciences naturelles. La biologie, l’analyse des bactéries et du phytoplancton côtoient les missions médicales et les sciences sociales. Car l’écosystème en pleine mutation, c’est également un mode de vie qui évolue : celui des communautés avoisinantes qui depuis des siècles se nourrissent des produits de la mer.

À terme, c’est toute la donne qui change avec l’opération de ce navire hors-norme. « Nous sommes en train de former une génération entière de nouveaux experts qui ont une connaissance approfondie du Nord, qui seront aguerris pour prendre des décisions et qui pourront en faire une meilleure gestion dans le futur. » Au premier rang des intéressés : les communautés locales, qui souhaitent prendre une part active dans la gestion de leur milieu en changement. « La communauté scientifique a la volonté de faire les choses pour le Nord, par le Nord, impliquer encore davantage les communautés et faire de la formation. »

Inquiétudes à l’horizon

Malgré sa mission cruciale, le NGCC Amundsen peut en tout temps se faire réquisitionner pour faire autre chose que de la science et voir ses projets de recherche interrompus au profit d’autres affectations. Alexandre Forest et la communauté scientifique souhaitent vivement que la flotte de brise-glace canadienne se renouvelle dans les années à venir afin que le NGCC Amundsen puisse poursuivre sa mission en continu. L’objectif : ne pas perdre le nord !

Pour en savoir plus sur le NGCC Amundsen, visitez son site web. Pour toute question sur les programmes de formation ou des projets de recherche liés, contactez Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..

Photos : ArcticNet et Amundsen Science